Page:Lamarck - Philosophie zoologique 2.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Or, le sentiment moral agissant fortement sur l’état des organes, lorsque ses affections se prolongent dans tel ou tel sens, ce dont on ne sauroit douter, il me paroît que, dans tel individu, des chagrins continuels et fondés auront, dans l’origine, causé les altérations de ses viscères abdominaux ; et que ces altérations, une fois formées, auront, à leur tour, perpétué, dans cet individu, un penchant à la mélancolie, même sans qu’il en ait alors aucun sujet.

À la vérité, la génération peut transmettre une disposition des organes, en un mot, un état des viscères propre à donner lieu à tel tempérament, telle inclination, enfin, tel caractère ; mais il faut ensuite que les circonstances favorisent, dans le nouvel individu, le développement de cette disposition, sans quoi, cet individu pourroit acquérir un autre tempérament, d’autres inclinations, enfin, un autre caractère. Ce n’est que dans les animaux, surtout dans ceux qui ont peu d’intelligence, que la génération transmet, presque sans variation, l’organisation, les penchans, les habitudes, enfin, tout ce qui est le propre de chaque race.

Je m’éloignerois trop de ce que j’ai en vue, si je m’étendois davantage sur ces considérations ; en conséquence, je reviens à mon sujet.