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idées émises, qui font plaire sans jamais blesser, et qui forment une qualité qui distingue éminemment ceux qui la possèdent.

Jusques-là, nos conquêtes, à cet égard, ne peuvent tourner qu’à l’avantage général. Mais on passe quelquefois les bornes ; on abuse du pouvoir que la nature nous donna, d’étouffer, en quelque sorte, la plus belle des facultés que nous tenions d’elle.

Effectivement, certains penchans auxquels se livrent bien des hommes, leur ayant fait sentir le besoin d’employer constamment la dissimulation, il leur est devenu nécessaire de contraindre habituellement les émotions du sentiment intérieur, et de cacher soigneusement leurs pensées, ainsi que celles de leurs actions qui peuvent les conduire au but qu’ils se proposent. Or, comme toute faculté, non exercée, s’altère peu à peu, et finit par s’anéantir presque entièrement, la sensibilité morale que nous considérons ici, est à peu près nulle pour eux, et ils ne l’estiment même pas dans les personnes qui la possèdent encore d’une manière un peu éminente.

De même que la sensibilité physique ne s’exerce que par des sensations qui, lorsqu’elles font naître quelque besoin, produisent aussitôt une émotion dans le sentiment intérieur, lequel envoie, dans l’instant, le fluide nerveux aux muscles qui doivent