exécuter, selon sa nature, des mouvemens que notre volonté n’avoit pas déterminés ?
Il y a quelque temps que, marchant dans la rue, et me couvrant l’œil gauche de mon mouchoir, parce qu’il me faisoit souffrir, et que la lumière du soleil m’incommodoit, la chute précipitée d’un cheval monté, que je ne voyois pas, se fit très-près de moi et à ma gauche : or, dans l’instant même, par un mouvement et un élan, auxquels ma volonté ne put avoir la moindre part, je me trouvai transporté à deux pas sur ma droite, avant d’avoir eu l’idée de ce qui se passoit près de moi.
Tout le monde connoît ces sortes de mouvemens involontaires, pour en avoir éprouvé d’analogues ; et ils ne sont remarqués que parce qu’ils sont extrêmes et subits. Mais on ne fait pas attention que tout ce qui nous affecte, nous émeut proportionnellement, c’est-à-dire, émeut plus ou moins notre sentiment intérieur.
On est ému à la vue d’un précipice, d’une scène tragique, soit réelle, soit représentée sur un théâtre, soit même sur un tableau, etc., etc. : et quel peut être le pouvoir d’un beau morceau de musique bien exécuté, si ce n’est celui de produire des émotions dans notre sentiment intérieur ! La joie ou la tristesse que nous ressentons subitement, en apprenant une bonne ou une