Les émotions du sentiment intérieur ne peuvent être connues que de l’homme, lui seul pouvant les remarquer et y donner de l’attention ; mais il n’aperçoit que celles qui sont fortes, qui ébranlent, en quelque sorte, tout son être, et il a besoin de beaucoup d’attention et de réflexions, pour reconnoître qu’il en éprouve de tous les degrés d’intensité, et que c’est uniquement le sentiment intérieur qui, dans diverses circonstances, fait naître en lui ces émotions internes qui le font agir ou qui le portent à exécuter quelqu’action.
J’ai déjà dit, au commencement de ce chapitre, que les émotions intérieures d’un animal sensible, consistoient en certains ébranlemens généraux de toutes les portions libres de son fluide nerveux, et que ces ébranlemens n’étoient suivis d’aucune réaction, ce qui est cause qu’ils ne produisent aucune sensation distincte. Or, il est aisé de concevoir que lorsque ces émotions sont foibles ou médiocres, l’individu peut les dominer et en diriger les mouvemens ; mais que lorsqu’elles sont subites et très-grandes, alors il en est maîtrisé lui-même : cette considération est très-importante.
Le fait positif, que constituent les émotions dont il s’agit, ne peut être une supposition. Qui n’a pas remarqué qu’un grand bruit inattendu, nous fait tressaillir, sauter en quelque sorte, et