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ception, c’est-à-dire, celle que l’on ne remarque point, on ne s’en forme aucune idée, on n’en produit aucune pensée, et à cet égard le système sensitif est seul en action. On peut donc penser sans sentir, et on peut sentir sans penser. Aussi a-t-on pour chacune de ces deux facultés un système d’organes qui peut y donner lieu, comme on a un système d’organes particulier pour les mouvemens, qui est indépendant des deux que je viens de citer, quoique l’un ou l’autre soit la cause non immédiate qui mette ce dernier en action.

Ainsi, c’est à tort que l’on a confondu le système des sensations avec le système qui produit les actes de l’entendement, et que l’on a supposé que les deux sortes de phénomènes organiques qui en proviennent, étoient le résultat d’un seul système d’organes capable de les produire. Cela est cause que des hommes du plus grand mérite, et à la fois très-instruits, se sont trompés dans leurs raisonnemens sur les objets de cette nature qu’ils ont considérés.

« Un être (dit M. Richerand) absolument privé d’organes sensitifs, n’auroit qu’une existence purement végétative ; s’il acquéroit un sens, il ne jouiroit point de l’entendement ; puisque, comme le prouve Condillac, les impressions produites sur ce sens unique ne pourroient