qui avait illustré son pays; mais les gouvernements, on le sait, réservent leurs faveurs pour d’autres services, et la misère d’un vieux savant aveugle a rarement éveillé leur sollicitude. Lamarck passa donc les dix dernières années de sa laborieuse vie plongé dans les ténèbres, entouré des soins affectueux de ses deux filles. L’aînée écrivit encore sous sa dictée une partie du sixième et une partie du septième volume de l'Histoire des animaux sans vertèbres. Depuis que le père ne quittait plus la chambre, la fille ne quittait plus la maison; à sa première sortie, elle fut incommodée par l'air libre dont elle avait perdu depuis si longtemps l'habitude. Lamarck mourut le 18 décembre 1829, à l’âge de quatre-vingt cinq ans; Latreille et de Blainville furent ses successeurs au Muséum. Le nombre des animaux sans vertèbres s’était tellement accru qu’il fallut créer deux chaires là où une seule avait suffi, grâce à l’incroyable activité du premier titulaire. Ses deux filles restèrent sans ressources. J’ai vu moi-même, en 1832, mademoiselle Cornélie de Lamarck attacher, pour un mince salaire, sur des feuilles de papier blanc les plantes de l’herbier du Muséum où son père avait été professeur. Souvent des espèces nommées et décrites par lui ont dû passer sous ses yeux, et ce souvenir ajoutait
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