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essentielles à leur être ; de manière qu’à la suite de beaucoup de générations qui se sont succédées les unes aux autres, ces individus, qui appartenoient originairement à une autre espèce, se trouvent à la fin transformés en une espèce nouvelle, distincte de l’autre.

Par exemple, que les graines d’une graminée, ou de toute autre plante naturelle à une prairie humide, soient transportées, par une circonstance quelconque, d’abord sur le penchant d’une colline voisine, où le sol, quoique plus élevé, sera encore assez frais pour permettre à la plante d’y conserver son existence, et qu’ensuite, après y avoir vécu, et s’y être bien des fois régénérée, elle atteigne, de proche en proche, le sol sec et presque aride d’une côte montagneuse ; si la plante réussit à y subsister, et s’y perpétue pendant une suite de générations, elle sera alors tellement changée, que les botanistes qui l’y rencontreront en constitueront une espèce particulière.

La même chose arrive aux animaux que des circonstances ont forcés de changer de climat, de manière de vivre et d’habitudes : mais, pour ceux-ci, les influences des causes que je viens de citer exigent plus de temps encore qu’à l’égard des plantes, pour opérer des changemens notables sur les individus.

L’idée d’embrasser, sous le nom d’espèce, une