Page:Lamarck - Philosophie zoologique 1.djvu/304

Cette page a été validée par deux contributeurs.
274
de l’ordre naturel


Ainsi, pour établir, à l’égard des corps vivans, l’état de choses que nous remarquons, la nature n’a donc eu à produire directement, c’est-à-dire, sans le concours d’aucun acte organique, que les corps organisés les plus simples, soit animaux, soit végétaux ; et elle les reproduit encore de la même manière, tous les jours, dans les lieux et les temps favorables : or, donnant à ces corps, qu’elle a créés elle-même, les facultés de se nourrir, de s’accroître, de se multiplier, et de conserver chaque fois les progrès acquis dans leur organisation ; enfin, transmettant ces mêmes facultés à tous les individus régénérés organiquement ; avec le temps et l’énorme diversité des circonstances toujours changeantes, les corps vivans de toutes les classes et de tous les ordres ont été, par ces moyens, successivement produits.

En considérant l’ordre naturel des animaux, la gradation très-positive qui existe dans la composition croîssante de leur organisation, et dans le nombre ainsi que dans le perfectionnement de leurs facultés, est bien éloignée d’être une vérité nouvelle, car les grecs mêmes surent l’apercevoir[1] ; mais ils ne purent en exposer les

  1. Voyez le Voyage du jeune Anacharsis, par J.-J. Barthelemy, tom. V, p. 353 et 354.