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influence des circonstances

et ensuite de faire effort pour arracher la partie saisie, a dû, par ces efforts répétés, procurer à ces griffes une grandeur et une courbure qui l’eussent ensuite beaucoup gêné pour marcher ou courir sur les sols pierreux : il est arrivé, dans ce cas, que l’animal a été obligé de faire d’autres efforts pour retirer en arrière ces griffes trop saillantes et crochues qui le gênoient ; et il en est résulté, petit à petit, la formation de ces gaînes particulières, dans lesquelles les chats, les tigres, les lions, etc., retirent leurs griffes lorsqu’ils ne s’en servent point.

Ainsi, les efforts, dans un sens quelconque, long-temps soutenus ou habituellement faits par certaines parties d’un corps vivant, pour satisfaire des besoins exigés par la nature ou par les circonstances, étendent ces parties, et leur font acquérir des dimensions et une forme qu’elles n’eussent jamais obtenues, si ces efforts ne fussent point devenus l’action habituelle des animaux qui les ont exercés. Les observations faites sur tous les animaux connus, en fournissent partout des exemples.

En peut-on un plus frappant que celui que nous offre le kanguroo ? cet animal, qui porte ses petits dans la poche qu’il a sous l’abdomen, a pris l’habitude de se tenir comme debout, posé seulement sur ses pieds de derrière et sur sa