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influence des circonstances

de grandes masses d’eau, ayant besoin de voir latéralement, ont, en effet, leurs yeux placés sur les côtés de la tête. Leur corps, plus ou moins aplati, suivant les espèces, a ses tranchans perpendiculaires au plan des eaux, et leurs yeux sont placés de manière qu’il y a un œil de chaque côté aplati. Mais ceux des poissons que leurs habitudes mettent dans la nécessité de s’approcher sans cesse des rivages, et particulièrement des rives peu inclinées ou à pentes douces, ont été forcés de nager sur leurs faces aplaties, afin de pouvoir s’approcher plus près des bords de l’eau. Dans cette situation, recevant plus de lumière en dessus qu’en dessous, et ayant un besoin particulier d’être toujours attentifs à ce qui se trouve au-dessus d’eux, ce besoin a forcé un de leurs yeux de subir une espèce de déplacement, et de prendre la situation très-singulière que l’on connoît aux yeux des soles, des turbots, des limandes, etc. (des pleuronectes et des achires). La situation de ces yeux n’est plus symétrique, parce qu’elle résulte d’une mutation incomplète. Or, cette mutation est entièrement terminée dans les raies, où l’aplatissement transversal du corps est tout-à-fait horizontal, ainsi que la tête. Aussi les yeux des raies, placés tous deux dans la face supérieure, sont redevenus symétriques.