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sur les actions des animaux.

Ce qui le prouve, c’est que l’organe de l’ouïe n’est jamais dans ce cas, et qu’on le trouve toujours dans les animaux où la nature de leur organisation doit le faire exister : en voici la raison.

La matière du son[1], celle qui, mue par

  1.    Les physiciens pensent ou disent encore que l’air atmosphérique est la matière propre du son, c’est-à-dire, que c’est celle qui, mue par les chocs ou les vibrations des corps, transmet à l’organe de l’ouïe l’impression des ébranlemens qu’elle a reçus.
    C’est une erreur qu’attestent quantité de faits connus, qui prouvent qu’il est impossible à l’air de pénétrer partout où la matière qui produit le son pénètre réellement.
    Voyez mon Mémoire sur la matière du son, imprimé à la fin de mon Hydrogéologie, p. 225, dans lequel j’ai établi les preuves de cette erreur.
    On a fait, depuis l’impression de mon Mémoire, que l’on s’est bien gardé de citer, de grands efforts pour faire cadrer la vitesse connue de la propagation du son dans l’air, avec la mollesse des parties de l’air qui rend la propagation de ses oscillations trop lente pour égaler cette vitesse. Or, comme l’air, dans ses oscillations, éprouve nécessairement des compressions et des dilatations successives dans les parties de sa masse, on a employé le produit du calorique exprimé dans les compressions subites de l’air, et celui du calorique absorbé dans les raréfactions de ce fluide. Ainsi, à l’aide des effets de ces produits et de leur quantité, déterminés par des suppositions appropriées, les géomètres rendent maintenant raison de la vitesse avec laquelle le son se propage dans l’air. Mais cela ne répond nullement aux faits qui constatent que le son se propage à travers des corps que l’air ne sauroit traverser ni ébranler dans leurs parties.
    En effet, la supposition de la vibration des plus petites parties des corps solides ; vibration très-douteuse et qui ne peut se propager que dans des corps homogènes et de même densité, et non s’étendre d’un corps dense dans un corps rare, ni de celui-ci dans un autre très-dense ; ne sauroit répondre au fait bien connu de la propagation du son à travers des corps hétérogènes et de densités, ainsi que de natures très-différentes.