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influence des circonstances

lement perdu l’usage de la vue : aussi n’offre-t-il plus que des vestiges de l’organe qui en est le siége ; et encore ces vestiges sont tout-à-fait cachés sous la peau et sous quelques autres parties qui les recouvrent, et ne laissent plus le moindre accès à la lumière.

Le protée, reptile aquatique, voisin des salamandres par ses rapports, et qui habite dans des cavités profondes et obscures qui sont sous les eaux, n’a plus, comme l’aspalax, que des vestiges de l’organe de la vue ; vestiges qui sont couverts et cachés de la même manière.

Voici une considération décisive, relativement à la question que j’agite actuellement.

La lumière ne pénètre point partout ; conséquemment, les animaux qui vivent habituellement dans les lieux où elle n’arrive pas, manquent d’occasion d’exercer l’organe de la vue, si la nature les en a munis. Or, les animaux qui font partie d’un plan d’organisation, dans lequel les yeux entrent nécessairement, en ont dû avoir dans leur origine. Cependant, puisqu’on en trouve parmi eux qui sont privés de l’usage de cet organe, et qui n’en ont plus que des vestiges cachés et recouverts, il devient évident que l’appauvrissement et la disparition même de l’organe dont il s’agit, sont les résultats, pour cet organe, d’un défaut constant d’exercice.