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influence des circonstances

Ce que la nature fait avec beaucoup de temps, nous le faisons tous les jours, en changeant nous-mêmes subitement, par rapport à un végétal vivant, les circonstances dans lesquelles lui et tous les individus de son espèce se rencontroient.

Tous les botanistes savent que les végétaux qu’ils transportent de leur lieu natal dans les jardins pour les y cultiver, y subissent peu à peu des changemens qui les rendent à la fin méconnoissables. Beaucoup de plantes très-velues naturellement, y deviennent glabres, ou à peu près ; quantité de celles qui étoient couchées et traînantes, y voient redresser leur tige ; d’autres y perdent leurs épines ou leurs aspérités ; d’autres encore, de l’état ligneux et vivace que leur tige possédoit dans les climats chauds qu’elles habitoient, passent, dans nos climats, à l’état herbacé, et parmi elles, plusieurs ne sont plus que des plantes annuelles ; enfin, les dimensions de leurs parties y subissent elles-mêmes des changemens très-considérables. Ces effets des changemens de circonstances sont tellement reconnus, que les botanistes n’aiment point à décrire les plantes de jardins, à moins qu’elles n’y soient nouvellement cultivées.

Le froment cultivé (triticum sativum) n’est-il pas un végétal amené par l’homme à l’état où