Page:Lamarck - Philosophie zoologique 1.djvu/234

Cette page a été validée par deux contributeurs.
204
dégradation de l’organisation

par conséquent, que chaque point du corps de ce polype voit, entend, distingue les odeurs, perçoit les saveurs, etc. ; mais, en outre, qu’il a des idées, qu’il forme des jugemens, qu’il pense ; en un mot, qu’il raisonne. Chaque molécule du corps de l’hydre, ou de tout autre polype, seroit elle seule un animal parfait, et l’hydre elle-même seroit un animal plus parfait encore que l’homme, puisque chacune de ses molécules équivaudroit, en complément d’organisation et de facultés, à un individu entier de l’espèce humaine.

Il n’y a pas de raison pour refuser d’étendre le même raisonnement à la monade, le plus imparfait des animaux connus, et ensuite pour cesser de l’appliquer aux végétaux mêmes, qui jouissent aussi de la vie. Alors on attribueroit à chaque molécule d’un végétal toutes les facultés que je viens de citer, mais restreintes dans des limites relatives à la nature du corps vivant dont elle fait partie.

Ce n’est assurément point là où conduisent les résultats de l’étude de la nature. Cette étude nous apprend, au contraire, que partout où un organe cesse d’exister, les facultés qui en dépendent cessent également. Tout animal qui n’a point d’yeux, ou en qui l’on a détruit les yeux, ne voit point ; et quoiqu’en dernière analise, les