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généralités

dans l’animal même, et finit par être assujettie à sa volonté ; de même aussi la faculté de sentir est encore très-obscure et très-bornée dans les animaux où elle commence à exister ; en sorte qu’elle se développe ensuite progressivement, et qu’ayant atteint son principal développement, elle parvient à faire exister dans l’animal les facultés qui constituent l’intelligence.

En effet, les plus parfaits des animaux ont des idées simples, et même des idées complexes, des passions, de la mémoire, font des rêves, c’est-à-dire, éprouvent des retours involontaires de leurs idées, de leurs pensées mêmes, et sont, jusqu’à un certain point, susceptibles d’instruction. Combien ce résultat de la puissance de la nature n’est-il pas admirable !

Pour parvenir à donner à un corps vivant la faculté de se mouvoir sans l’impulsion d’une force communiquée, d’apercevoir les objets hors de lui, de s’en former des idées, en comparant les impressions qu’il en a reçues avec celles qu’il a pu recevoir des autres objets, de comparer ou de combiner ces idées, et de produire des jugemens qui sont pour lui des idées d’un autre ordre, en un mot, de penser ; non-seulement c’est la plus grande des merveilles auxquelles la puissance de la nature ait pu atteindre, mais, en outre, c’est la preuve de l’emploi d’un temps