Page:Lamarck - Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, vol. 1.djvu/356

Cette page n’a pas encore été corrigée

trop souvent affligeantes des passions de l’homme, sont cependant le produit de ses propres lois et des circonstances qui y ont donné lieu. Ne sait-on pas, d’ailleurs, que le mot de hasard n’exprime que notre ignorance des causes.

A tout cela, j’ajouterai que des désordres sont sans réalité dans la nature, et que ce ne sont, au contraire, que des faits, dans l’ordre général, les uns, peu connus de nous, et les autres, relatifs aux objets particuliers dont l’intérêt de conservation se trouve nécessairement compromis par cet ordre général. (Philos. zool., vol. 2, p. 465.)

Qui ne sent, en effet, que, si le propre de la nature est de changer, produire, détruire, renouveler et varier sans cesse les différens corps, ceux de ces corps qui possèdent la faculté de sentir, de juger et de raisonner, et qui, par les lois mêmes de la nature, s’intéressent essentiellement à leur conservation, et à leur bien-être ; ceux-là, dis-je, considéreront comme désordre tout ce qui compromet cette conservation et ce bien-être qui les intéressent si fortement [1].

  1. On sent de là combien Voltaire, dans ses questions sur l’Encyclopédie, et les philosophes qui eurent la même opinion, se sont abusés, en supposant à Dieu, soit impuissance, soit méchanceté, à l’égard des maux ou des désordres en question ; ces philosophes considérant, comme