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elle se détruit elle-même dans chaque corps de son domaine ; tandis que l’autre subsiste toujours la même, parce qu’elle tient son existence d’une source bien différente et infiniment supérieure !

    Ainsi, le pouvoir général qui embrasse dans son domaine tous les objets que nous pouvons apercevoir, de même que ceux qui sont hors de la portée de nos observations, et qui a donné immédiatement l’existence aux végétaux, aux animaux, ainsi qu’aux autres corps, est véritablement un pouvoir limité et en quelque sorte aveugle ; un pouvoir qui n’a ni intention, ni but, ni volonté ; un pouvoir qui, quelque grand qu’il soit, ne saurait faire autre chose que ce qu’il fait ; en un mot un pouvoir qui n’existe lui-même que par la volonté d’une puissance supérieure et sans bornes, qui, l’ayant institué, est réellement l’auteur de tout ce qui en provient, enfin, de tout ce qui existe.

    Le pouvoir aveugle et limité dont il s’agit, et que nous avons tant de peine à reconnaître, quoiqu’il se manifeste partout, n’est point un être de raison : il existe certainement ; et nous n’en saurions douter, puisque nous observons ses actes, que nous le suivons dans ses opérations, que nous voyons qu’il ne fait rien que graduellement, que nous remarquons qu’il est partout soumis à des lois, et que déjà nous sommes parvenus à connaître plusieurs de celles qui le régissent.