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Dans les actions de l’homme, le penchant à dominer se déguise sous une multitude infinie de formes, selon les circonstances qui concernent l’individu ; mais il est toujours assez facile    de reconnaître son influence.

C’est ce penchant qui donne lieu à l’obstination dans les disputes, à l’intolérance dans quelque genre que ce soit, à la tyrannie envers ceux qui sont assujétis à notre pouvoir, quel que soit son degré, enfin, à la méchanceté et même à la cruauté, lorsque notre intérêt de domination nous parait l’exiger.

Lorsque nous ne dominons nullement, soit par le pouvoir, soit par la richesse, le penchant dont il s’agit nous porte alors à l’emporter sur les autres au moins en quelque chose ; et dans ce cas, c’est lui qui nous fait faire quelquefois des efforts extraordinaires pour nous distinguer dans telle ou telle partie des sciences, des lettres ou des beaux-arts. De là vient que la plupart de ceux qui dominent éminemment par la puissance ou la richesse, mettent si peu d’intérêt à étendre leurs connaissances, et font de la science et des talens un cas si médiocre : ils ont, pour maîtriser les autres, une voie plus assurée. L’un des produits les plus remarquables de notre penchant à dominer est l’ambition ; sentiment dont le germe est dans tous les hommes, se développe avec l’âge et par l’espérance, mais n’acquiert de véhémence que lorsque les circonstances y sont favorables.