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C’est ce penchant à dominer, en un mot, à l’emporter en quelque chose sur les autres, qui produit dans l’homme cette agitation sourde et générale, qui ne lui permet point d’être entièrement satisfait de son sort ; agitation qui devient d’autant plus active qu’il a plus d’idées, et que son intelligence a reçu plus de développement, parce qu’il s’irrite alors continuellement des obstacles que son penchant rencontre de toutes parts.

On sait assez que nul n’est content de sa fortune, quelle qu’elle soit ; que nul ne l’est pareillement de son pouvoir ; et même que l’homme qui déchoit dans ces objets, est toujours plus malheureux que celui qui n’avance point. Enfin, l’on sait que toute uniformité de situation physique et morale qu’un travail soutenu ne détruit point, bornant nécessairement notre tendance intérieure ; cette uniformité, dis-je, amène en nous ce vide, ce mal-être obscur et moral qu’on nomme ennui, et nous fait du changement un besoin insatiable, source de notre attrait pour la diversité.

Ce même penchant nous porte donc continuellement à augmenter nos moyens de domination ; et. nous ne manquons jamais de l’exercer, soit par le pouvoir, soit par la richesse, soit par la considération, soit, enfin, par des distinctions d’un genre ou d’un ordre quelconque, toutes les fois que nous un trouvons l’occasion.