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ajouter que tous les corps que nous pouvons observer, vivans ou non, sont aussi dans le même cas. Ainsi, une force inaperçue (celle des choses) nous entraîne sans cesse vers le sentiment de la vérité ; mais, sans cesse, aussi, des préventions et des intérêts divers, contrarient en nous cet entraînement.

Que l’on juge donc de ce que ce conflit doit produire, et combien l’ascendant de la seconde cause doit l’emporter sur la première ! Admettons d’avance ce que j’essayerai de prouver plus loin ;  savoir : que les animaux sont véritablement et uniquement des productions de la nature ; que tout ce qu’ils sont, que tout ce qu’ils possèdent, ils le tiennent d’elle ; ainsi qu’elle-même tient son existence du puissant auteur de toute chose. S’il en est ainsi, toutes les facultés animales, soit celle qui, comme l’irritabilité, est commune à tous les animaux et leur permet de se mouvoir par excitation ;  soit celle qui, comme le sentiment, fait apercevoir à certains d’entr’eux, ce qui les affecte ; soit, enfin, celle qui, comme l’intelligence dans certains degrés, donne à plusieurs le pouvoir d’exécuter différentes actions, par la pensée, et par la volonté ; toutes ces facultés, dis-je, sont, sans exception, des produits de la nature, des phénomènes qu’elle sait opérer à l’aide d’organes appropriés à leur production, en un mot, des résultats du pouvoir dont elle est douée elle-même.