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en considérant la nature de chacune de leurs facultés, surtout de certaines d’entr’elles, et les différences en nombre, ainsi qu’en degrés d’éminence, de celles qu’on observe dans leurs diverses races. Aussi, quoique ces facultés soient parfaitement en rapport avec le mode et l’état de l’organisation qui y donne lieu, elles nous semblent malgré cela des prodiges. Alors, nous soulageons notre pensée à leur égard, en un mot, notre vanité lésée par l’ignorance où nous sommes de ce qui les produit réellement, en imaginant, à leur sujet, des causes métaphysiques, des attributs hors de la nature, enfin, des êtres de raison qui satisfont à tout.

On a dit, avec raison, au moins à l’égard des sciences, que l’admiration était fille de l’ignorance ; or, c’est bien ici le cas d’appliquer cette vérité sentie ; car, si quelque chose était en soi réellement admirable, ce serait assurément la nature ; ce serait tout ce qu’elle est ; ce serait tout ce qu’elle peut faire ; mais, lorsqu’on reconnaît qu’elle-même n’est qu’un ordre de choses, qui n’a pu se donner l’existence, en un mot, qu’un véritable instrument ; toute notre admiration et toute notre vénération doivent se reporter sur son SUBLIME AUTEUR.

Il s’agit donc de savoir quelle est la source des diverses facultés observées dans différens animaux ; si ce sont des organes particuliers qui donnent ces facultés ; enfin, si un même organe peut donner lieu à des facultés