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venant à naître par un nouveau besoin ressenti, donneront nécessairement naissance à l’organe propre à satisfaire à ce nouveau besoin, si cet organe n’existe pas encore.

A la vérité, dans les animaux assez imparfaits pour ne pouvoir posséder la faculté de sentir, ce ne peut être à un besoin ressenti qu’on doit attribuer la formation d’un nouvel organe ; cette formation étant alors le produit d’une cause mécanique, comme celle d’un nouveau mouvement produit dans une partie des fluides de l’animal.

Il n’en est pas de même des animaux à organisation plus compliquée, et qui jouissent du sentiment. Ils ressentent des besoins, et chaque besoin ressenti ; émouvant leur sentiment intérieur, fait aussitôt diriger les fluides et les forces vers le point du corps où une action peut satisfaire au besoin éprouvé. Or, s’il existe en ce point un organe propre a cette action, il est bientôt excité à agir ; et si l’organe n’existe pas, et que le besoin ressenti soit, pressant et soutenu, peu-à-peu l’organe se produit, et se développe à raison de la continuité et de l’énergie de son emploi.

Si je n’eusse pas été convaincu ; 1.° que la seule pensée d’une action qui l'intéresse fortement, suffit pour émouvoir le sentiment intérieur d’un individu [1] ;  2.° qu’un besoin ressenti peut lui-même émou-

  1. J’ai déjà dit que la pensée était un phénomène tout-à--