Page:Lamarck - Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, vol. 1.djvu/127

Cette page n’a pas encore été corrigée

de la plication subite des feuilles de la dionée, soit des détentes des étamines du berberis, soit du redressement des fruits qui succèdent à des fleurs pendantes, soit, enfin, de divers mouvemens observés dans les parties de certaines fleurs, il n’y a véritablement rien qui soit comparable au phénomène de l’irritabilité animale, et bien moins encore à celui du sentiment.

L’irritabilité, dit-on, n’est qu’une modification de la sensibilité elle n’est pas une faculté spécialement attribuée à l’animal ; elle est commune à tous les êtres vivans. Il n’y a pas de doute que toutes les parties bien vivantes des animaux n’en soient douées ; mais les végétaux nous donnent aussi des preuves qu’ils la possèdent. L’action de la lumière, de l’électricité, de la chaleur, du froid, de la sécheresse, des acides, des alkalis, du mouvement communiqué, etc., etc. ; voilà autant de causes de l’irritabilité des végétaux ; c’est à leurs effets qu’on doit rapporter l’épanouissement de certaines fleurs à des heures marquées dans le jour, le sommeil des plantes, la direction de leurs tiges, la dissémination de leurs graines, les eschares plus ou moins profonds que produisent la grêle, le vent sec, etc. ; et cependant aucun de leurs organes ne communique le mouvement qu’il éprouve à la totalité de l’être qui y parait sensible. Telle est la manière dont on croit prouver que l’irritabilité est une faculté commune aux plantes comme aux animaux !