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cet intérêt du premier ordre dont je viens de faire mention. Il faut en effet se garder de ne chercher dans l’étude des animaux sans vertèbres, et de toutes les autres productions de la nature, que cette sorte de connoissance ; elle habitue à se contenter d’idées arbitraires, à ne s’occuper que de menus détails, et à prendre les produits variables de l’art, pour l’objet même qui doit essentiellement nous intéresser dans l’étude de l’histoire naturelle.

Sans doute les tentatives relatives à la classification, à la formation des genres, et à la détermination des espèces, furent indispensables pour s’entendre ; aussi, les réduisant à leur objet et à leur juste valeur, nous nous efforcerons d’en obtenir, pour nos études, tous les avantages qu’elles peuvent offrir.

Mais il importe extrêmement de ne jamais confondre les matériaux qu’il a fallu amasser et préparer pour l’étude de la nature, avec les objets mêmes que cette étude doit avoir en vue. En donnant à cette considération toute l’attention qu’elle mérite, l’étude de l’histoire naturelle vous deviendra profitable, agrandira vos idées, et ne sera plus bornée à offrir à votre mémoire une innombrable quantité de noms divers qu’on voit changer successivement à mesure que de nouveaux auteurs traitent des parties de cette science.

Les matériaux dont il s’agit sont les observations qui ont été faites sur chacune des productions naturelles qu’on a pu voir et examiner ; et les préparations qu’on a cru devoir donner à ces matériaux, sont les classifications de toutes les sortes, les systêmes et les méthodes d’histoire naturelle, enfin l’invention et la formation de ce que les naturalistes appellent des classes, des ordres, des genres, et des espèces.

On a senti que pour parvenir à nous procurer et à nous conserver l’usage de tous les corps naturels qui sont à notre portée et que nous pouvons faire servir à nos besoins, une détermination exacte et précise des caractères propres de chacun de ces corps étoit nécessaire, et conséquemment qu’il falloit rechercher et déterminer les particularités de structure, d’organisation, de forme, &c. qui différencient les divers corps naturels, afin de pouvoir en tout temps les reconnoître et les distinguer les uns des autres. C’est ce que les naturalistes, à force d’examiner les objets, sont jusqu’à un certain point parvenus à exécuter.

Cette partie des travaux des naturalistes est celle qui est la plus avancée ; on a fait avec raison depuis environ un siècle et demi des