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jamais on n’en contestera le fondement, et qu’il est utile pour vous de ne les point perdre de vue dans vos études.

Mais pénétrons plus avant, afin de vous montrer combien le champ que vous entreprenez de cultiver est vaste, d’un grand intérêt et digne de l’attention que vous voulez lui sacrifier.

Puisqu’il y a pour les animaux un ordre qui appartient à la nature, et selon lequel ces corps vivans doivent être rangés pour former la méthode naturelle  ; voyons si nous avons des moyens non arbitraires pour reconnoître cet ordre et pour en déterminer les principales parties.

D’abord je remarque que si l’on considère l’organisation de tous les animaux connus, bientôt on apperçoit parmi eux l’existence de différens systêmes d’organisation qui semblent plus ou moins isolés les uns des autres, et qui embrassent des groupes plus ou moins considérables d’animaux divers, avec lesquels nous formons nos classes, leurs ordres et les grandes familles. Le systême d’organisation des mammifères n’est assurément pas le même que celui des oiseaux, ni celui-ci le même que celui des reptiles, et vous savez assez que le systême d’organisation des poissons est différent de tous les autres.

Ces systêmes d’organisation, comme je vous l’ai dit, ne nous paroissent isolés et susceptibles d’être circonscrits par des caractères qui en marquent les limites, que parce que nous ne connoissons pas tous les animaux qui existent, ainsi que les espèces qui peut-être sont entièrement perdues. Ce sont en effet des portions de la série générale, et il y a lieu de penser que ces portions de série se nuancent et se confondent par leurs extrêmités avec les portions de la même série qui en sont voisines.

Je remarque ensuite qu’en considérant ces différens systêmes d’organisation, et qu’en examinant leur composition particulière, on voit clairement qu’ils diffèrent les uns des autres par une complication plus ou moins grande dans l’organisation qui les constitue, et qu’il est possible, qu’on est même forcé par la considération des rapports, de les distribuer en une série unique et générale, ayant à une de ses extrêmités le systême d’organisation le plus simple ou celui qui offre le moins d’organes particuliers, et à l’autre extrêmité le systême organique le plus parfait, le plus composé en organes divers, et conséquemment celui qui donne à l’animal qui en est formé les facultés les plus nombreuses.