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ne Palcas le suivirent. L’étudiant, qu’on savait un familier de la maison, fit un discours sur la tombe du pauvre Escarbagnac. Il dit pompeusement les vertus de cet homme simple et s’embrouilla dans une phrase latine qui fit sensation. On le félicita ; les deux filles rousses sanglotèrent, et l’étudiant emmena tout ce monde à la rôtisserie du défunt, afin qu’un vin chaud, parfumé de cannelle, les réconfortât. Il emplit lui-même les verres, ce qui ne manqua pas d’étonner.

— Quel brave homme, cet Escarbagnac ! — buvez, mes amis !… disait l’étudiant — un brave homme doublé d’un rôtisseur hors ligne. Il possédait, à un point que le simple profane ne peut comprendre, le secret de fabriquer une omelette aux truffes, de farcir une oie toulousaine ou de déguster un vieux pommard. Je lui dois les plaisirs les plus vifs de ma jeunesse, et cette rue de l’École de Médecine à jamais restera gravée dans mon cœur. À droite, la Taverne Palcas m’a initié aux ferveurs de l’amour ; à gauche, la rôtisserie Escarbagnac m’a