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CASTAGNOL
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accordailles, il serait détestable, affirmait-il, qu’on mangeât, ce jour-là, des cèpes à la bordelaise, des escargots à la Caudéran ou de l’aïoli, cette ambroisie marseillaise. Et comme Pitchoune lui demandait de préciser sa pensée, il répondit :

— Ce ne sont que plats pour tables de célibataires.

— Patron, je ne comprends pas.

— Petit bolcheviste ignare. O mon fils, de telles considérations échappent à l’entendement d’un gamin de ton âge. Retiens toutefois, pour l’avenir, que les plats fleurant les épices et saturés d’ail ne se prennent jamais en compagnie des dames et qu’ils tuent sur les lèvres, tant leur odeur a de truculence, cette fleur exquise et tendre qu’est le baiser.

Enfin, l’heure du dîner sonna. Autour de la table d’honneur où bavardaient Huguette et jean, les invités prirent place. Le bon M. Caylus, en redingote, se frottait contre l’habit, neuf en apparence, de Jacques Landon. Un monsieur chevelu montrait son dernier volume de poèmes ; l’ongle d’un ro-