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CASTAGNOL

ter une fleur, il exprimait en goguenardant ses idées sur la musique à table :

— Si mon estomac aboie de male faim, vais-je lui donner en pâture des dièzes et des bémols ? Et quand ma fringale est apaisée et qu’on m’apporte un plat de choix, une truite saumonnée ou, mieux encore, une jolie caille, rondelette, potelée et finement attendrie au Champagne, que dois-je faire ? A cet instant, il n’y a plus d’hérésie à commettre : je me recueille, je me penche avec respect sur le mets odorant, je le porte à mes lèvres avec componction, je le laisse fondre, je savoure en silence, je ferme les yeux. Minue béatifique !… Crac ! des hommes, hululeurs, siffleurs, grondeurs, attaquent une marche forcenée, me crèvent le tympan, me coupent la digestion, me jettent brutalement hors de ces régions divines où je commençais à me complaire. Quelle folie et quelle stupidité !

De même il proscrivit certains plats qui lui étaient familiers non moins que chers, de couleur gasconne, hauts en épices, car, de jeunes personnes devant fleurir la table des