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CASTAGNOL
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Le bonhomme fit suivant son désir ; et, le troisième mardi de mars, une table de cinquante couverts fut dressée dans la pâtisserie. Le cristal des verres scintillait. Une jonchée de roses, des violettes et du mimosa sinuaient, a travers les couverts, comme un fleuve odorant, et le maître-rôtisseur apportait à la préparation de la table une grande vigilance, car il estimait, avec le sage Brillat-Savarin et le spirituel Monselet, qu’un repas doit être, à la fois, jouissance pour le palais, joie pour les yeux, volupté pour les oreilles, agréable chatouillement pour l’odorat, non moins que l’occasion pour les esprits de briller des mille feux de la fantaisie.

Avec sa verve, Castagnol retrouvait son bon sens. Aussi, bien qu’on l’en eût fortement prié, il ne voulut pas que des tziganes ou un jazz-band troublassent le repas. Et, mettant tout en ordre, bousculant celui-ci, retenant celui-là, rudoyant Pitchoune, sifflotant, chantonnant, se reculant pour mieux juger de l’effet, se précipitant pour déplacer un verre, redresser une serviette, ajou-