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spirituel, ses yeux reflétaient la douceur de son âme, et sa bouche, aux lèvres fines, disait l’éloquence narquoise et le goût des plaisirs délicats.

Suivant son habitude, M. Verlinières prêchait, et son fils, pour l’instant, lui servait d’auditoire :

— Les intellectuels, vois-tu, Jean, sont le sel de la terre, et ils ne doivent en aucun cas s’affadir. Malgré les misères imméritées dont notre démocratie les frappe, souhaitons qu’ils demeurent brillants et purs, comme la lumière de la nation.

Mais Jean, qui trouvait saugrenus de tels propos, abandonna son père et s’assit près d’un ancien camarade de lycée, qu’il n’avait pas vu depuis cinq années :

— Toi, Rémy Dartigaud ? Quel plaisir de te rencontrer. Tu es reluisant neuf.

— Quelle surprise, répliqua l’autre. Tu n’as guère changé. Viens, prends une chaise.

Aussitôt, oubliant M. Verlinières en grand bavardage à une table voisine, ils