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ble de tirer à cet égard des monuments épigraphiques des lumières précises et il résume de la manière suivante les conclusions générales qu’il lui paraît d’ores et déjà possible d’établir :

1° En ce qui concerne la langue Védique et religieuse, les Inscriptions de Pyadaci témoignent indirectement qu’elle était, vers le commencement du iiie siècle avant notre ère, l’objet d’une certaine culture.

2° En ce qui concerne le sanscrit classique, son élaboration dans l’École, fondée matériellement sur la langue Védique, provoquée en fait par la première application de l’écriture aux dialectes populaires, doit se placer entre le iiie siècle avant J.-C. et le ier siècle de notre ère. Son emploi littéraire ou officiel s’est répandu à la fin du siècle ou au commencement du iie.

Il est, à priori, certain qu’aucun ouvrage littéraire classique ne saurait être notablement antérieur à cette époque.

3° Pour ce qui est du sanscrit mixte, appelé : dialecte des Gathas, il n’est qu’une manière d’écrire le Prâkrit, en se rapprochant autant que possible de l’orthographe et des formes étymologiques connues par la langue religieuse. Son usage né spontanément et développé peu à peu, stimule la codification d’une langue inspirée par le même penchant, mais plus raffinée, plus, conséquente, à savoir, le sanscrit profane. Pour nous, il en mesure approximativement le progrès. Répandu avant celui du sanscrit littéraire, son usage ne se généralise que sous le règne d’un des grands souverains bouddhistes. Kanischka assure sa survivance à titre de dialecte littéraire dans certaines écoles du Bouddhisme.

4° En ce qui touche les Prâkrits, la constitution antérieure du sanscrit en détermine la réglementation grammaticale. C’est au iiie siècle de notre ère qu’elle s’accomplit ; aucune des grammaires qui enseignent les Prâkrits grammaticaux, aucun des livres rédigés dans un quelconque de ces dialectes, y compris le pâli, ne peut être considéré comme antérieur à cette date.

Il faut rapporter à cette période d’élaboration les premiers Sutras développés, ceux dont le merveilleux, comme dans le Lalita Vistara est védique et brahmanique et qui ont un caractère plutôt poétique que scholastique. Les