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T. C’est maintenant le moment opportun pour nous unir ; viens mon cher Kunala, cesse de trahir mon ardeur. Si tu ne me caresses pas, moi que mon bonheur a amenée vers toi, mon cœur aura-t-il jamais le calme ? ô mon cher époux.

K. Vous osez appeler votre fils votre époux ! seriez-vous un Spectre ou un Assura ?

T. Hélas, je me disais : Si j’avais envoyé, même un messager habile, j’aurais risqué mon honneur ; et même je n’aurais trouvé personne qui voulût t’aborder pour un pareil sujet. Mais te voici avec, moi toi, l’objet de mes vœux ; si tu m’embrasses avec amour, tu auras la vertu, la beauté, la gloire et les autres prospérités ; le roi Açoka comblera tes désirs et les miens ; mais si tu refuses, prends garde !

K. Est-ce par une perfidie que vous pensez me faire vivre glorieusement ? Mais peut-être n’êtes-vous point coupable ! Peut-être subissons-nous l’un et l’autre la peine de mauvaises actions dans une vie antérieure qui nous livrent aujourd’hui au déshonneur.

Stances prononcées par Tichya Rachita[1].

Pourquoi songer à ton sort futur, ô mon Kunala !
Penses-tu me payer de paroles artificieuses ?
Qui t’apprit donc tant de refus ?
Je t’implore et te conjure, Kunala !
Pourquoi tant de détours et de feinte ?
Quand les amantes sont éprises,
Les amants trompent-ils leurs désirs ?
Se fait-on payer pour boire le jus de la canne à sucre ?
Ton cœur est-il un rocher, Kunala ?
Ne sais-tu pas ce qu’est la vengeance d’une femme ?
Tu es là comme celui que tourmente un démon !
Trouves-tu amers le lait et le miel ?
Point de refus ! Viens de grâce, Kunala.
La fleur de la jeunesse passe, hélas !

  1. Ces vers sont très populaires, le chant et la poésie sont universellement admirés.