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plus ou moins à celles de l’Inde[1], il importe à un point de vue général aussi bien qu’au point de vue particulier de l’histoire religieuse de l’Extrême-Orient, d’exposer d’abord les doctrines mystiques de l’Inde dans l’ordre de leur genèse qui est en même temps l’ordre chronologique.

Rappellons d’abord que le mot Yoga, dans son sens spécial, désigne : « l’état d’union spirituelle ou mentale avec l’Être suprême.

Son objet et sa conclusion sont, d’après Manou et Patanjali, une absorption, même pendant cette vie, dans l’Être suprême, qui équivaut à la délivrance finale.

Les Soutras du Jnanayoga qui ont pu être recueillis sont rassemblés dans quatre traités intitulés :

I. Définition de la contemplation ou concentration de la pensée. (Samâdhi).

II. Moyens de réaliser la contemplation (Samâdhi Prapti).

III. Pouvoirs surnaturels qu’elle procure (Vihhuti).

IV. L’Extase ou l’Isolement de l’Âme (Kaivalya).

I. — Définition de la contemplation.

On distingue deux états gradués de contemplation :

Dans le premier, Samprajnata ; la raison opère encore, mais tout l’effort du jogui est employé à détruire la conscience de l’existence individuelle et à amener l’esprit à l’oubli absolu de la réalité de toute matière extérieure et à la complète conviction que l’âme est d'ores et déjà unie et confondue avec l’Un suprême. Les objets de la contemplation sont alors : Soit la nature, c’est-à-dire tout l’univers, soit notre âme propre.

On admet que le Samprajnata comporte quatre degrés :

1. Au premier degré, on efface la distinction entre une chose et le nom qui la désigne[2]. À force de répéter intérieurement le nom, en ayant dans le même temps la

  1. Voir, notre mémoire sur les origines et tendances des ordres religieux Musulmans de l’Algérie (Annales de l’Extrême-Orient et de l’Afrique) nos 171 à 177, 15 février à 1er mai 1891.
  2. On a déjà vu cela dans le Mimansa ; on le verra aussi au Bouddhisme de la Chine.