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Le fonds des mystères, c’est le dogme des vies successives : les différents grades de l’initiation sont les symboles des divers degrés de la vie future, de même que Bouddha avait des grades de perfection se correspondant sur la terre et dons les sièges ou séjours supérieurs. Dans les mystères anciens et modernes, il est défendu à l’initié d’un grade de pénétrer les secrets du grade supérieur avant d’y être promu. Cette interdiction est la condamnation implicite du suicide. L’homme ne peut s’affranchir volontairement du degré terrestre de l’initiation. Le même motif de condamnation du suicide existe dans le Bouddhisme, tandis que le Brahmanisme y excite les fanatiques. — On voit là encore ce qui forme la différence radicale entre le Brahmanisme et le Bouddhisme ; la croyance de ce dernier à l’individualité de l’âme immortelle. C’était évidemment aussi la différence radicale entre la religion des mystères qu’on peut considérer comme se confondait avec la doctrine des philosophes (Socrate, Platon etc.,) et la religion payenne. De là la haine populaire contre les Initiés et les philosophes. On peut remarquer d’ailleurs, que cette question se lie à celle du sacrifice des victimes. La glorification du suicide se trouve dans toute religion où le sang des victimes est considéré comme agréable à la divinité. La philosophie Sañkya qui a eu l’immense mérite d’établir bien, nettement pour la première fois dans l’Inde, l’individualité de l’âme immortelle, a rejeté presque absolument le sacrifice.

Les degrés de l’initiation variant suivant les progrès et ; la valeur de l’Initié, on en déduisait le principe : la récompense est proportionnelle aux mérites. ; C’est encore le principe bouddhique pour la hiérarchie religieuse et pour le classement dans la vie à venir. Même, nous verrons plus loin le Bouddhisme admettre qu’il devait y avoir trois credo différents pour trois états échelonnés, d’instruction et de perfection.

La religion des mystères inspira toute la philosophie Grecque depuis Pythagore. Ses dogmes se propagèrent dans la Sicile et l’Italie et jusqu’en Gaule où ils furent vraisemblablement apportés d’Égypte par les Phéniciens. Selon Jean Reynaud, les Druides empruntèrent beaucoup aux Perses, notamment la doctrine de la transmigration des âmes que César leur attribue dans ses commentaires.