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luttes religieuses, qu’on est obligé de les réunir dans une histoire unique qui forme surtout l’histoire du Bouddhisme Chinois.

Celle-ci n’a rien à faire avec la Chine préhistorique qui, du reste, n’a pas encore été étudiée.

La Religion a passé en Chine, comme partout ailleurs (hors de la révélation) par les phases d’une Genèse naturelle[1] et logique dans l’ordre suivant :

1° Animisme, adoration des Esprits bons et mauvais ;

2° Sélection de l’Animisme se traduisant : soit par le Dualisme, groupement séparé des génies du bien et de ceux du mal ; soit par le Polythéisme.

3° L’apperception philosophique et religieuse du Un, du Principe primordial et suprême.

Nous allons exposer les deux premières phases ; nous décrirons la dernière avec la philosophie de Lao-tseu à la fin de la dynastie des Tcheou.

1° Animisme.

Dans le Chi King[2] et plusieurs autres livres anciens, il est fait allusion au Culte des génies des montagnes, des rivières, des arbres, des plantes.

Dans le Kia Yu, les génies sont définis : « Des êtres qui ne mangent pas et qui ne meurent pas. »

Lieh tse dit : sur les montagnes, il y a des chin ; ils se nourrissent du vent et s’abreuvent de la rosée ; leur cœur est semblable à la source d’un abîme ; leur forme est celle d’une vierge ; ils n’ont point d’attachement, ils n’ont pas d’amour.

Suivant un autre ouvrage : dans les montagnes, les rivières, les lacs, les tertres, les collines, ce qui peut produire ou provoquer le vent et la pluie, et tout ce qui parait extraordinaire est généralement appelé Chin.

La forme attribuée aux génies des montagnes et des eaux était presque toujours fantastique. Ils tenaient à la fois de l’homme et des animaux. Ils habitaient de préférence les gorges inaccessibles des montagnes ou les gouffres des ri-

  1. Se reporter à la Cité antique de Fustel de Coulanges ; voir aussi notre article : L’évolution religieuse, publiée par la société Ethnographique et formant notre Introduction à l’histoire Générale du Bouddhisme.
  2. King signifie : livre canonique ou sacré.