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nullement des affaires publiques ni des choses de l’esprit. Ils sont indifférents en général à tout « ce qui ne remplit pas le ventre, » objection qu’ils ont constamment à la bouche.

Ce manque de développement et d’élévation dans tout ce qui touche à l’esprit et au cœur ne saurait être imputé, ni au climat qui est généralement tempéré et salubre, ni à la religion essentiellement tolérante et indépendante, ni au gouvernement qui prétend ne donner les emplois qu’à la capacité et au mérite ; il faut donc l’attribuer à une infériorité de race.

Le fonds du caractère et du tempérament Chinois est le positivisme et la sensualité. Dans les hautes classes, le réalisme se traduit par le mépris des études spéculatives, par l’absence des sentiments tendres, par l’égoïsme et par un épicuréisme qui garde toujours, il est vrai, la convenance et la modération. Dans le peuple, la sensualité descend jusqu’à la lubricité grossière. La décence est observée dans les rues, mais les murs des auberges sont tapissés d’obscénités, de toutes sortes, même contre nature, que l’on appelle des « fleurs » bien que les enseignes de ces auberges, comme toutes les enseignes chinoises portent toujours un titre moral : La perfection, le renoncement etc. La basse classe est adonnée au mensonge et au jeu. Cette dernière passion est générale et frénétique. Les gens du peuple jouent jusqu’à leurs doigts. Il n’y a point de limite au paupérisme et le banditisme est très répandu.

Après la sensualité, ce qui distingue le Chinois c’est la passivité, l’absence d’action et de ressort intellectuel et moral. Le manque d’initiative est le trait essentiel par lequel le Chinois est réellement inférieur à l’Européen. Ce trait commun à tous les peuples de l’Extrême-Orient explique leur état arriéré, malgré les découvertes importantes que, par l’effet du hasard sans doute, ils avaient faites bien avant les Occidentaux.

Les Chinois ont une résignation absolue en face de la mort soit naturelle, soit violente ; ils la reçoivent et même se la donnent sans hésitation ni trouble. On place toujours près du mourant le cercueil qui lui est destiné et il s’éteint sans émotion et le plus souvent sans agonie comme une lampe qui manque d’huile. On reconnaît