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elle ne l’est pas plus qu’une statue d’Apollon ou de Minerve.

Le Fétichisme, ainsi que l’a établi M. Max Muller, n’est même pas la religion de la plupart des peuples sauvages ; ceux-ci sont allés jusqu’à l’intuition de l’infini par l’aspiration au-delà du fini, et beaucoup croient à une vie future et à un Être suprême, sous le nom de Grand-Esprit.

Des forces au pouvoir surhumain personnifiées comme nous l’avons dit, les unes étaient bienfaisantes, les autres malfaisantes. De là, naturellement, des supplications pour gagner leur faveur ou fléchir leur courroux, des sacrifices, des victimes, etc. Les manifestations durent, à l’origine, être essentiellement intéressées et inspirées par le profond sentiment que l’homme avait de sa faiblesse. Ce fut la première phase de l’adoration, celle de la crainte et de l’intérêt.

Les psychologues modernes ont, avec beaucoup de raison, classé nos sentiments en deux grandes catégories : les égoïstes et les altruistes ; la dernière expression surtout est parfaitement caractéristique ; elle embrasse et remplace avantageusement plusieurs dénominations qui se disputent la préférence des écoles, des partis et des sectes, sympathie, dévouement, patriotisme, solidarité entre les hommes, charité, etc. C’est au point de vue de cette division essentielle qu’il faut différencier entre elles les races humaines et les diverses phases du développement historique, soit de l’humanité dans son ensemble, soit de chacune de ses branches considérées séparément.