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APPENDICE AU CHAPITRE V


N° 1. Contenance des femmes pendant l’union.


Toutes ces pratiques et mignardises sont plutôt de convention que naturelles, comme tout ce que font les Hindous.

Une Bayadère égarée dans Paris et qui en voudrait faire usage, serait une curiosité si extraordinaire qu’elle aurait certainement un succès de vogue pour rire.

La contenance que les femmes d’Europe ont naturellement, ou prennent pendant l’union, est très variable ; les trois types les plus saillants sont : celles qui gardent le silence et ferment les yeux ;

Celles qui font beaucoup d’exclamations et de démonstrations ;

Enfin, celles qui, comme prises d’attaques de nerfs, se pâment ou s’évanouissent.

N° 2. — À Rome, les coups entre amants n’étaient pas seulement des mignardises, bien qu’ils pussent être du goût des belles, comme ils l’étaient de celui de la ménagère de Colin, chantée par Béranger, et de la fille de faubourgs de Jules Barbier, qui voulait un amant

« Qui la batte et la fouaille
Depuis le soir jusqu’au matin. »

Tous les poètes élégiaques latins se reprochent d’avoir battu et maltraité leurs maîtresses, ou se louent d’avoir été frappés par elles.

Ovide, Les Amours, livre I, Elégie VII.

« Ma maîtresse pleure des coups que je lui ai donnés dans mon délire. N’était-ce point assez de l’intimider par mes cris, par mes menaces, de lui arracher ses vêtements jusqu’à la ceinture ! J’ai eu la cruauté de la traîner par les cheveux et de lui sillonner les joues de mes ongles.

« Puis, honteux de ma stupide barbarie, j’ai imploré son pardon. Ne crains pas, lui disais-je, d’imprimer tes ongles sur mon visage, n’épargne ni mes yeux ni ma chevelure, que la colère aide tes faibles mains. »

Tibulle, livre I, Elégie X.

« La guerre s’allume entre les amants ; la jeune fille accable de reproches le cruel qui a enfoncé sa porte et lui a arraché les cheveux. Ses joues meurtries sont baignées de larmes ; mais le vainqueur pleure à son tour de ce que son bras a trop bien servi sa colère.

« Il faut être de pierre ou d’acier pour frapper la beauté qu’on aime.