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INTRODUCTION


Les principes sur le juste et l’injuste sont les mêmes en tout temps et entout lieu, ils constituent la morale absolue ; mais les principes sur les mœurs varient avec les âges et les pays. Depuis la promiscuité sans limites des tribus sauvages jusqu’à la prohibition absolue de l’œuvre de chair en dehors du mariage, que de degrés divers dans la liberté accordée aux rapports sexuels par l’opinion publique et par la loi sociale et religieuse ! À l’exception des Iraniens et des Juifs, toute l’antiquité a considéré l’acte charnel comme permis, toutes les fois qu’il ne blesse pas le droit d’autrui, comme par exemple le commerce avec une veuve ou toute autre femme complètement maîtresse de sa personne. Toutefois la Chine, la Grèce et Rome ont honoré les vierges, et l’Inde les ascètes voués à la continence à titre de sacrifice.

Au point de vue de la raison seule et d’une conscience égoïste, la tolérance des Indiens et des païens paraît naturelle et la règle sévère des Iraniens semble dictée par l’intérêt social ou politique ; aussi cette règle n’a-t-elle été imposée qu’au nom d’une révélation par Zoroastre et par Moïse.

De là deux grandes divisions entre les peuples sous le rapport des mœurs ; chez les uns la monogamie est obligatoire, chez les autres la polygamie est permise sous toutes les formes qu’elle peut revêtir, y compris le concubinage et la fornication passagère. Dans l’antiquité on doit, entre les peuples qui n’admettent pas de révélation, distinguer sous le rapport des mœurs : d’une part, les Ariahs