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Quelle est la plus exquise des saveurs ? La rosée qui humecte ses lèvres.

Quel est le plus doux des contacts ?

Celui de son corps.

Quelle est l’image la plus agréable sur laquelle la pensée puisse s’arrêter ? Ses charmes.

Tout dans la jeune fille aimée est plein d’attraits.

Un jeune poète. — La jeune vierge est semblable au tendre bouton de la rose non encore épanouie ; dans toute sa pureté, elle croît en paix à l’ombre du bosquet tutélaire, à l’abri de tout outrage ; mais lorsque son sein dévoilé s’est prêté aux baisers du rossignol séducteur, bientôt séparée de sa tige maternelle et indignement associée à l’herbe que foule un pied vulgaire, on l’expose aux passants sur la place publique, et flétrie alors par mille baisers impurs on chercherait en vain sa fraîcheur virginale (voir l’Appendice).

Autre jeune homme.— Léger sourire sur les lèvres, regards à la fois hardis et timides, babil enjoué, fuite, retour précipité, amusements folâtres et continuels, tout n’est-il pas ravissant chez les jeunes femmes aux yeux de gazelle ?

Quand elles sont absentes, nous aspirons à les voir.

Quand nous les voyons nous n’avons qu’un désir, jouir de leur étreinte.

Quand nous sommes dans leurs bras, nous ne pouvons plus nous en arracher.

Le jeune poète. — À quel mortel est destinée cette beauté ravissante semblable dans sa fraîcheur à une fleur dont on n’a pas encore respiré le parfum, touché le fin duvet ; à un tendre bourgeon qu’un ongle profane n’a point osé séparer de sa tige, à une perle encore pure au sein de la nacre protectrice où elle a pris naissance ?