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Dans ce dernier cas, les femmes distinguées par leur beauté, et qui ont des goûts et des talents semblables, peuvent être admises et recevoir des hommages.

Souvent les conversations étaient une joute d’improvisations poétiques et de citations opposées de divers poètes.

Pour en donner une idée, nous avons arrangé le dialogue suivant avec des citations de poètes :

Un Brahmane savant. — Par qui a été fabriqué ce dédale d’incertitude, ce temple d’immodesties, ce réceptacle de fautes, ce champ semé de mille fourberies, cette barrière de la porte du Ciel, cette bouche de la cité infernale, cette corbeille remplie de tous les artifices, ce poison qui ressemble à l’ambroisie, cette corde qui attache les mortels au monde d’ici-bas, la femme en un mot ?

Une Courtisane. — Le faux sage qui médit des femmes trompe lui-même et les autres ; car le fruit de la pénitence est le Ciel et le Ciel offre les Apsaras à ceux qui l’obtiennent.

Le Brahmane. — Les femmes ont du miel dans leurs paroles et du poison dans le cœur, aussi leur suce-t-on les lèvres, tandis qu’on leur frappe la poitrine avec le revers de la main[1].

La Courtisane. — Les fous qui fuient les femmes n’obtiennent que des fruits amers ; leur sottise et le dieu d’amour les châtient cruellement. Le jour où des hommes honorables parviendront à maîtriser leurs sens, les monts Vindhyas traverseront l’Océan à la nage.

Le Brahmane. — Il n’est ici-bas qu’un jardin rempli de fleurs pernicieuses, c’est la jeunesse ; elle est le foyer de la passion, la cause de peines plus cuisantes que n’en feraient endurer cent enfers, le germe de la folie, le rideau de nuages qui couvre la lumière de la science, la seule arme du Dieu de l’amour, la chaîne de fautes de toute nature.

  1. Pétrône a dit :
    « Toute femme, en soi, cache un venin corrupteur,
    Le miel est sur sa lèvre, et le fiel dans son cœur. »