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fleurs, une volière ; le matin, quelques jeux et divertissements avec des parasites, et après midi avec des amis.

Après le déjeuner, leçon pour parler donnée aux perroquets et autres oiseaux, puis combats de coqs, de cailles et de pigeons.

Dans la soirée, le chant ; ensuite le maître de maison, avec ses amis, attend, dans la salle de réception bien ornée et parfumée d’essences, l’arrivée de sa maîtresse ; celle-ci, quand elle se présente, est reçue avec les compliments d’usage ; elle tient avec tous une conversation aimable et tendre.

Lorsqu’elle doit passer toute la nuit chez son amant, elle y vient baignée, parfumée et parée ; son amant lui offre des rafraîchissements ; il la fait asseoir à sa gauche, lui prend les cheveux entre ses mains, touche aussi le bout et le nœud de son vêtement du bas et l’entoure doucement de son bras droit. Alors s’engage une conversation légère et variée ; on tient des propos lestes et joyeux ; on traite des sujets graveleux ou galants. Puis on chante avec ou sans gestes ; on fait de la musique, on boit en s’excitant à boire.

Enfin, quand la femme, échauffée par ces provocations à l’amour, trahit ses désirs, le maître congédie tous ceux qui sont près de lui en leur donnant des fleurs, des bouquets et des feuilles de béthel[1].

Les deux amants restent seuls. Après avoir goûté le plaisir à leur gré, ils se lèvent pudiquement et, sans se regarder, s’en vont, séparément, au cabinet de toilette qui est, dans l’Inde, la salle du bain.

Ils reviennent ensuite s’asseoir l’un près de l’autre et mâchent quelques feuilles de béthel. Puis l’homme, de sa propre main, frotte le corps de la femme avec un onguent de pur bois de sandal, ou une autre essence odorante ; ensuite il l’enlace dans son bras gauche, et tout en lui tenant de doux propos, il lui fait boire, dans une coupe qu’il tient de la main droite, une boisson excitante et

  1. Dans les usages de l’Inde, c’est le maître de maison, celui auquel on fait visite, qui donne le signal du départ au visiteur.