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CHAPITRE II
De la possession des soixante-quatre arts libéraux.


Il y a soixante-quatre arts libéraux qu’il convient d’apprendre en même temps que ceux enseignés dans le Kama Soutra.

Leur liste comprend, outre les talents d’agrément, les arts utiles tels que l’architecture, les armes, la stratégie, la cuisine, le moyen de s’approprier le bien d’autrui par des mantras (prières) et des incantations, etc. ; en un mot, tous les arts libéraux de l’époque.

Une courtisane qui a en partage l’esprit, la beauté et les autres attraits et qui, en outre, connaît les soixante-quatre arts libéraux, obtient le titre de Ganika ou courtisane de haut rang, et occupe une place d’honneur dans les réunions d’hommes. Les respects du roi et les louanges des savants lui sont acquis ; tous recherchent sa faveur et lui rendent des hommages.

Si la fille d’un roi ou d’un ministre possède ces talents, elle est toujours la favorite, la première épouse, quand bien même son mari aurait des milliers d’autres femmes[1].

Une femme séparée de son mari ou tombée dans le dénuement, peut vivre de ces talents, même en pays étranger.

Leur possession seule donne beaucoup d’attraits à une femme, lors même que les circonstances ne lui permettent point de les appliquer. Un homme qui en est muni et qui en même temps est élo-

  1. On voit par ce qui précède que les courtisanes et les filles des grands étaient les seules femmes auxquelles il fut permis d’acquérir des talents.