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que dans les derniers Pouranas et dans la littérature des Tantras qui commence au IVe siècle de notre ère.

Le culte des saktis, tel qu’il est décrit dans les Tantras, forme une religion à part, celle des Saktas, qui se divise en plusieurs branches et qui a sa mythologie spéciale. La divinité dominante est Mahadeva (Siva). Selon le Vayou Pourana, non-seulement Siva avait une double nature mâle et femelle, mais sa nature femelle se divisa en deux moitiés, l’une blanche et l’autre noire, cette dernière sans doute imaginée pour la satisfaction des castes des Soudras (noirs). À la nature blanche, ou qualité de bonté, on rattacha les Saktys ou déesses bienfaisantes, telles que Latchoumy, Seravasti, épouses de Vischnou et de Brahma ; à la nature noire Dourga, Candi, Cananda, toutes les saktys ou déesses redoutées. Mahadévi ou la sakty de Siva, qu’on suppose une transformation de Maya, le principe féminin des Vedas, se développa dans une infinité de manifestations ou de personnifications de toutes les forces physiques, physiologiques, morales et intellectuelles, qui eurent chacune leurs dévots et leur culte. Comme plusieurs de ces déesses sont notoirement des divinités aborigènes, il est vraisemblable que l’ensemble fut constitué par le groupement des divinités femelles des cultes aborigènes pour former une sorte de polythéisme féminin que les Brahmes acceptèrent comme une religion populaire en y introduisant au dernier degré les femmes mortelles, depuis les Brahmines.

Pour creuser une séparation plus profonde entre le Bouddhisme et la religion populaire, les Brahmes avaient développé jusqu’à la fausser la Bakti, l’ancienne doctrine du salut par la foi et la dévotion ou la grâce, opposée à celle du salut par la boddhi (la connaissance), doctrine de l’ancienne théosophie, du sankia, du bouddhisme et de l’orthodoxie brahmanique moderne formulée par Cançara, le résurrecteur du Brahmanisme presque tué par le Bouddhisme. La backti s’adresse, dans chaque secte, à la manifestation du dieu la plus rapprochée, par exemple, chez les Vichnouvistes, non à Vishnou, mais à Krishna, le dieu fait homme ; il y répond