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dant on a vu des femmes qui avaient remplacé le vagin absent par l’urètre et le rectum, être ainsi fécondées.

À la clinique gynécologique et siphyligraphique de l’hôpital de Lourcine, le docteur Martineau s’exprimait ainsi :

« Ceux d’entre vous qui assistent à mes visites ont pu s’assurer de la fréquence de la sodomie chez les femmes qui fréquentent l’hôpital de Lourcine. Si je la vois coïncider chez les filles publiques avec la prostitution ordinaire, je la constate le plus souvent chez les femmes qui ignorent l’abjection d’un acte qui leur est imposé par leur mari.

« À l’hôpital de Lourcine je dois même dire que c’est le cas le plus ordinaire ; je l’observe bien plus fréquemment chez les femmes mariées, chez les jeunes femmes, chez les filles débauchées, il est vrai, mais non prostituées. En consultant mes observations, je trouve surtout des domestiques, des couturières, des modistes, des demoiselles de café, etc, etc., et très rarement des prostituées. La sodomie donc, pas plus que les déformations vulvaires provenant de la mensualisation et du saphisme, n’appartient pas à la prostitution. On la rencontre indifféremment chez la femme mariée et chez celle qui vit dans le concubinage ; chez toutes on trouve, en même temps que les traces de sodomie, des déformations vulvaires provenant de la mensualisation et du saphisme.

La sodomie s’observe à tous les âges de la femme, depuis huit ans jusqu’à cinquante et même plus ; elle est surtout fréquente entre seize et vingt-cinq ans parmi les observations recueillies à l’hôpital de Lourcine. Les femmes qui viennent là ne présentent pas des habitudes invétérées de sodomie comme les prostituées. »

A. Tardieu avait fait les mêmes remarques, et il nous dit :

« Chose singulière, c’est principalement dans les rapports conjugaux que se sont produits les faits de cette nature. C’est, en général, très peu de temps après le mariage que les hommes commencent à imposer à leurs femmes leurs goûts dépravés. Celles-ci, dans leur innocence, s’y soumettent d’abord ; mais plus tard, averties par la douleur ou renseignées par une amie, par leur mère, elles se refusent plus ou moins opiniâtrement à des actes qui ne sont plus dès lors tentés ou accomplis que par la violence. C’est dans ces derniers cas seulement que le médecin intervient, consulté par la justice. La cour suprême a rendu plusieurs arrêts consacrant le principe que le crime d’attentat à la pudeur peut exister de la part du mari se livrant sur sa femme à des actes contraires à la fin légitime du mariage, s’ils ont été accomplis avec violence physique. »

Les révélations des hommes de l’art expliquent comment des théologiens ont pu, sans être des érotomanes ou des exploiteurs de consciences, tracer aux confesseurs la règle suivante :

« Immédiatement avant le mariage, avertir la fiancée qu’elle devra se refuser à tout ce qui est contraire à la procréation, et en cas de doute sur l’application de cette prescription dans le mariage, consulter au besoin son confesseur. »

Il peut arriver, surtout dans le bas peuple, qu’une femme ne trouve pas chez une autre de son intimité, pas même chez sa mère, les lumières ou la moralité nécessaires pour être bien et suffisamment renseignée.