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que tu t’attaches à ses flancs et que tu te mettes hors d’haleine aussi longtemps qu’il lui plaît. »

On peut voir dans ce conseil une simple boutade poétique ; de même il ne faut voir qu’une ironie dans la conclusion de Lucien sur le même sujet.

N° 4. — Dans le chapitre xxxviii déjà cité, Lucien se met en scène avec un partisan des femmes et un Philopède, qui l’ont pris pour juge entre eux. Chariclès, l’avocat de l’amour avec les femmes, parle avec beaucoup de raison et d’éloquence et termine ainsi :

« On peut, à la rigueur, concevoir jusqu’à un certain point que l’homme use de la femme comme vous usez d’un mignon, mais jamais et en aucune façon il ne doit remplir l’office de femme.

« Si le commerce d’un homme avec son semblable est honnête, qu’à l’avenir les femmes puissent s’aimer et s’unir entre elles ! que ceinte de ces instruments infâmes, inventés par le libertinage, monstrueuse imitation faite pour la stérilité (peut-être importés à Rome de l’Inde où nous verrons plus loin qu’ils étaient fort en usage), une femme embrasse une autre femme comme le ferait un homme, que obscénité de nos tribades triomphe impudemment. Que nos gynécées se remplissent de Philénis qui se déshonorent par des amours androgynes. Et combien ne vaudrait-il pas mieux qu’une femme poussât la fureur de sa luxure jusqu’à vouloir faire l’homme que de voir celui-ci se dégrader au point de jouer le rôle d’une femme. »

L’avocat de la philopédie, un rhéteur d’Athènes, réplique :

« L’amour avec un mignon est le seul qui puisse allier la volupté à la vertu, car les femmes sont une chaîne et souvent un tourment qui ne laisse point l’homme maître de lui-même, tandis qu’un jeune garçon peut être un ami, un disciple, un compagnon d’exercices de tout genre. D’ailleurs l’amour masculin a sur l’autre la supériorité du plaisir sur la fonction, du superflu sur le nécessaire, etc. etc. » ;

Ce discours ressemble beaucoup à celui de l’avocat dans les Plaideurs de Racine, et Lucien le prête au philopède avec une intention évidente de ridicule. La cause est entendue, le juge prononce la sentence suivante, fine ironie contre la philosophie et les philosophes de son temps :

« Le mariage est infiniment utile aux hommes ; il rend heureux quand on rencontre bien. Mais la philopédie, considérée comme la sanction d’une amitié pure et chaste (cas de Socrate et d’Alcibiade), n’appartient, selon moi, qu’à la seule philosophie. Je permets donc à tous hommes de se marier, mais les philosophes seuls ont le droit d’aimer les jeunes gens ; la vertu des femmes n’est pas pour eux assez parfaite. Ne sois point fâché, Chariclès, si Corinthe (la ville des courtisanes) le cède à Athènes (la ville des philosophes et des mignons). »

N° 5. — Martial adresse nombre d’épigrammes aux philopèdes et aux gitons.

IX, 64. — « Tous les gitons t’invitent à souper, Phébus ; celui qui vit de sa mentule n’est pas, je pense, un homme pur.

XI, 22. — Il maudit un pédéraste masturbant.

XI, 26. — Au jeune Théophorus. « Donne-moi, enfant, des baisers parfumés de Falerne et passe-moi la coupe après y avoir trempé tes lèvres. Si tu m’accordes en