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V

sance dont rien ne trouble la sérénité. Ilse décerne hardiment les palmes de la douceur et de l’équité, s’étant « appliqué » dit-il, « à reproduire avec une fidélité aussi scrupuleuse que désintéressée, les arguments qui furent développés de part et d’autre. » Ce qui ne l’empêche pas de crier bien haut « que, dans le récit de Mornay, tout y est au fond si perverti, si corrompeu, qu’il ne se peut faire autre jugement, sinon qu’il a voulu relever sa cause par les mêmes moyens parlesquels il l’avoit establie. » [1]

À l’en croire, d’ailleurs, les conditions de la lutte lui auraient été beaucoup moins favorables qu’à son adversaire (!)[2]. Et si Mornay ne sut pas en profiter, c’est parce qu’il « s’estoit jeté dans l’océan, dans l’abime de la théologie sans avoir fait provision des études nécessaires pour une science si ample et si profonde, témoin les puériles et ridicules ignorances qu’il y commet à tout propos. »

Nous avons dû faire d’importantes réserves au sujet des assertions de l’auteur. Nous ne pouvions accepter ses affirmations les plus bruyantes que sous bénéfice d’inventaire. Quand il s’est trouvé en contradiction absolue avec Duplessis-Mornay, et que nous n’avions aucun moyen d’établir directement la vérité, nous avons fait pencher la balance en faveur de celui-ci, non parce qu’il était protestant, mais parce que son caractère inspire la confiance et « qu’un tel homme », dit l’Estoile « est exempt d’imposer, voire de suspicion. »

Le troisième document, le plus important comme étendue, comme science, et peut-être comme puissance de dialectique, est une réponse au livre de du Perron[3]. Après avoir fait justice des fanfaronnades de son adversaire, Mornay reprend l’un après l’autre les neuf passages qui furent examinés par les

  1. Réfutation du faux discours, page 109.
  2. Ibidem page 289.
  3. Responce au livre publié pur le sieur Evesque d’Evreux sur la conférence tenue à Fontainebleau, en 1600. La Rochelle, 1602. C’est un gros volume in-4o.