chure pour montrer que la victoire du champion catholique était illusoire.
Cette divergence dans les appréciations était comme une sorte d’avertissement. Nous nous sommes demandé, en effet, si la passion et le parti pris n’auraient pas faussé le jugement des contemporains, et donné lieu à quelque malentendu. Nous avons voulu réviser avec soin le procès, en appeler d’un jugement qui nous paraissait trop partial, à un jugement plus indépendant et mieux éclairé. Il nous paraissait, a priori, étant donnés les hommes et les circonstances, que les erreurs et les faussetés relevées pendant la discussion devaient avoir leur principal fondement dans l’imagination trop fertile de l’évêque d’Évreux, ou dans la complaisance intéressée des commissaires de la conférence. Le lecteur verra que les résultats auxquels nous sommes arrivé diffèrent singulièrement de l’idée généralement admise parmi les écrivains catholiques.
Les vaincus de Fontainebleau furent Henri IV et du Perron tout autant, et peut-être même davantage, que Duplessis-Mornay ; ou plutôt ce fut la messe, puisqu’on employa pour la faire triompher, mais sans y parvenir, d’ailleurs, l’intimidation et la violence morale, et que, de propos délibéré, on écarta du débat toute discussion dogmatique sur la nature et l’idée même de l’Eucharistie[1]. Ce qui subit les plus graves atteintes dans la comédie de Fontainebleau, ce ne fut donc pas le protestantisme, ni l’honneur de Duplessis-Mornay, mais l’équité du roi et la prétendue loyauté de l’évêque d’Évreux.
Parmi les documents que nous avions à consulter, quatre ouvrages, à des degrés divers, s’imposaient à notre attention, par une autorité toute particulière, étant dus à la plume des deux champions de la conférence.
- ↑ Cependant si les accusations de l’évêque étaient fondées, le dogme de la messe en recevait naturellement une confirmation et un éclat tout nouveaux. Mais la réciproque n’était pas moins vraie.
