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L’émoi causé parmi les catholiques tenait à plusieurs raisons : l’honorabilité et le talent de l’écrivain, sa haute situation politique et religieuse, et surtout la méthode qu’il avait employée pour combattre l’Église romaine, — méthode nouvelle, à laquelle jusque là on n’avait pas habitué les représentants du catholicisme. Mais tout le bruit qui se faisait autour du livre ne servait qu’à le signaler à l’attention publique et à le faire lire. Au surplus, les attaques dont il fut l’objet, faibles et mal conduites à l’origine, ne méritaient qu’une médiocre attention. Aussi n’émurent-elles pas outre mesure l’auteur huguenot, bien que l’on prétendit « qu’il s’estoit garni d’une mauvaise et faible caution et avoit engagé légèrement son honneur,


    pendant le carême de 1599. Nous trouvons en effet trace d’un séjour de Mornay à la cour, et remontant à cette époque (Mémoires de Mme de Mornay, page 342) ; Voir l’Histoire de l’Edit de Nantes, tome I, page 262.

    Divers auteurs avaient déjà publié des réfutations de la préface du Traité de l’Eucharistie, et Mornay lui-même avait répondu à l’un de ces libelles. Un certain temps s’était donc écoulé depuis la date de la publication de cet ouvrage. L’irritation des catholiques avait probablement été excitée par les diatribes des prédicateurs du carême de 1599. Voici ce que nous lisons dans David de Licques : « A la ville et à la cour, ce livre se faisait faire place. Bulenger (Alias Boulenger), ausmônier du roy, attaqua le premier la préface, et avec non moins d’imprudence que d’impudence accusa les passages de fausseté. En six jours il luy fait la response telle que Bulenger fut aigrement tancé de sa témérité par l’archevesque de Bourges, grand ausmônier. Sortirent après, pendant son séjour en court les Escritz de mesme nature, de l’Evesque de Basaz et des Jésuites de Bordeaux, Carabins, disoyent-ilz, qui de leurs escarmouches faisoyent attendre la bataille. » David de Licques, Vie de Mornay, page 252.