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devoir et servir la cause de l’Évangile ; telles sont les qualités éminentes qui se retrouvent dans tous les écrits de Mornay, et qui éclatent à un rare degré dans le livre dont nous nous occupons.

Mais ce qu’il faut admirer surtout chez l’auteur huguenot, c’est la préoccupation souveraine qui à présidé à la composition de cet ouvrage de haute polémique, et qu’on y sent circuler à chaque page, à chaque ligne, savoir : ramener à la vérité et au salut les âmes égarées par les erreurs et les superstitions de l’Église romaine. Mornay n’a pas d’autre mobile. Mais c’est là précisément ce qui devait attirer sur lui les foudres réunies de Rome et de la cour de Henri IV. Aussi l’auteur devait-il payer des plus amères épreuves, des plus douloureuses humiliations l’austère mission qu’il avait si courageusement assumée.

Il ne se faisait sans doute aucune illusion à ce sujet. Les lignes suivantes semblent du moins l’indiquer : « Oserai-je ici, Messieurs, dit-il, s’adressant aux catholiques, vous le dire, je désire vostre salut de grande affection. Je le souhaite au péril de ceste vie ; je dirai, en bonne conscience, comme l’apostre à Agrippa : que pleust à Dieu que vous fussiez tels’que je suis, hors ces liens, hors les afflictions auxquelles ceste proffession est subjette….. Et ailleurs, parlant de l’Antechrist qui est logé sur les sept montagnes, campe au temple de Dieu, s’eslevant dessus Dieu,